Elise COLOMBIER - BTS 1 2012/2013 LPO Maryse Bastié Limoges

 

A mon Père.

 18 Février 2013

 

On est un jour important aujourd'hui, c'est pas seulement le jour de mes 20 ans, mais c'est aussi le pire jour de ma vie, je hais cette date. On aime le jour de son anniversaire normalement, et bien moi non... J'ai fait le choix de commencer un journal en ce jour, un journal où j'écrirai mes pensées pour toi, mes souvenirs avec toi, je ferai comme si mon journal, c'était toi.

 

Tu sais, ça fait un an aujourd'hui que tu es parti et depuis que tu n'es plus là, j'ai l'impression que mon cœur est mort avec toi. Je ne ressens plus rien, aucune émotion, comme si mon corps était là mais qu'il était vide, plus de souffle, plus de battements, juste une image de moi, il ne reste qu'un reflet. Ta photo est posée sur ma table de nuit, chaque jour je la regarde et ça me fait mal. Oui, en fait j'ai menti, je ressens quelque chose, ce trou dans ma poitrine, ce manque, mes yeux qui regardent le monde avec colère.
Pourquoi toi ? On m'a retiréce qui me faisait vivre et ce qui faisait que j'étais heureuse.
Cette journée devait être une belle journée, mais pour moi c'est une souffrance.

 

Une année entière à me demander ce que j'avais fait de mal pour te perdre. Toutes ces choses que tu m'as enseignées, tout l'amour que tu m'as donné, tu m'as forgé, tu as fait de moi la jeune femme que je suis. Je n'étais qu'un petit bout, un bout d'enfant que tu as aimé, que tu as protégé. Mais aujourd'hui tu n'es plus là et affronter ce monde sans toi me semble impossible. Papa, il faut que tu reviennes, sans toi plus rien ne m'émerveille. Je me sens si seule.

 

Tu te souviens comment on rigolait toujours pour tout et pour rien ? Eh bien sans toi je ne ris plus, je ne sais plus comment on fait. Je n'avais besoin de rien d'autre que toi et tu es parti quand même. Maman a toujours été jalouse de notre relation, tu te souviens toutes ces crises qu'elle pouvait faire parce qu'on se comprenait par un regard ? On avait pas besoin de parler alors qu'elle si. Je regrette tellement cette journée, un an jour pour jour, quand je me suis réveillée, j'étais heureuse et en une seconde ma vie s'est écroulée. Les gendarmes dans le salon, maman en larmes, j'ai compris tout de suite, je me suis effondrée. J'ai couru dehors, j'ai hurlé ton nom, je n'y croyais pas. Pourquoi tu as pris ta voiture ce matin là ? Pourquoi tu m'as quittée ?

 

C'est tellement dur depuis ce jour là, maman et moi ne nous parlons plus, on s'est toutes les deux renfermées sur nous-mêmes et Antoine, on le voit plus. La famille a explosé Papa, tu étais celui qui nous tenait soudés. J'ai 20 ans, c'est l'âge où on commence à devenir femme, qu'on commence une vie d'adulte avec pleins d'heureux moments, et pourtant... C'est tellement injuste. Il y a tellement de mauvaises personnes dans ce monde et on arrache à une famille un être bon, un exemple de générosité.
Tu nous a tout donné, comme tu donnais à tes élèves, tu n'étais pas seulement un professeur de sport, tu les as fait grandir, mûrir. Tu leur as donné confiance en eux, comme tu faisais avec moi.

 

20 Février 2013

 

Bonjour Papa, j'ai pensé à toi aujourd'hui, Chloé m'a annoncé qu'elle allait se marier avec Sylvain. Je suis heureuse pour elle, enfin j'essaie de l'être. J'arrive pas vraiment à savoir si c'est du bonheur que j'ai ressenti quand elle m'a annoncée la nouvelle, je suis restée un peu sans voix et j'ai pas su lui exprimer ma joie. J'ai esquisser un sourire, c'est une preuve que je suis heureuse pour elle tu crois ?

 

On parlait souvent de mon mariage de princesse toi et moi ! Mon arrivée à cheval, en amazone, tu devais tenir le cheval, tu aurais du porter un magnifique costume, en boudant, mais tu l'aurais porté pour me faire plaisir. On avait fait le pari que je n'oserai pas garder mes converses sous ma belle robe, ça faisait criser maman d'avance, mais nous ça nous faisait rire. On se battait pour savoir si c'est ton cheval ou le mien qui aurait l'honneur de m'accompagner à l'église, tu défendais ton « bout de gras », mais j'avais toujours le dernier mot, après tout, c'était mon rêve de mariage et mon cheval a une plus jolie crinière.

Depuis que j'ai 6 ans, je monte à cheval, tu m'a transmis ton amour de l'équitation, à chaque balade, je râlais, tu disais que j'étais chiante mais que si je n'étais pas là, tu t'ennuierais. J'étais distraite par la moindre petite chose, une bête, une branche, un champignon, j'avais toujours le nez en l'air et je me prenais régulièrement une ronce par ci par là, ce qui ne manquait pas de te faire rire. Tu aimais bien te mettre aux bottes à bottes avec moi et donner un petit coup de talon dans mes étriers pour me déchausser, tout ça pour me taquiner. J'avais bien horreur de ça, mais ça me faisait rire et ça me manque.

 

Je suis sortie à cheval ce matin avec Chloé, mais j'ai rien éprouvé, aucun plaisir, aucun amour, aucune peur, pas d'excitation, rien du tout. Chloé me parlait mais c'est comme si je ne l'entendais pas, dans mon esprit il n'y avait que toi. J'étais une mini aventurière, j'avais peur de rien, aujourd'hui, je suis un petit légume, et je n'ai plus de motivation pour rien. Quand tu avais besoin de moi, tu criais avec enthousiasme « Pépette !!! » et je déboulais les escaliers. Tu riais quand tu me voyais arriver essoufflée, les chaussettes dépareillées, sans maquillage et les cheveux en bataille. Sous mes airs de jeune fille mal fagotée, tu me disais toujours que se cachait une grande courageuse pleine de vie et d'envies. Certaines personnes pensent que je suis superficielle tu sais, avec mes longs cils, mes boucles blondes... Mais toi seul savait que c'était faux, tu savais casser ma carapace.

 

Tu me faisais monter sur le quad, sur le tracteur et même sur la moto. Je n'avais peur de rien tant que tu étais avec moi. Quand j'avais 8 ans et Antoine 10, un midi après le repas, tu es monté dans notre chambre en criant « les p'tits loups, les p'tits loups » (mon expression préférée, j'appelle tout le monde comme ça). Quand tu nous a annoncé qu'on allait conduire le tracteur, tu as vu le désespoir dans les yeux d'Antoine et de la joie dans les miens. C'est là qu'on voyait quel bon père tu étais, tu as pris la main d'Antoine et pendant plus d'une heure tu l'as mis en confiance. Il a même fini par le conduire et il en garde un merveilleux souvenir. Tu me disais que j'avais peur de rien, j'étais une fan des sensations fortes, j'aimais conduire le quad, je roulais à toute vitesse entre les arbres, il fallait s'accrocher quand tu étais derrière. Je t'ai fait peur une fois, tu te souviens de cet accident de mobylette ? Bien sûr que tu t'en souviens... Lorsque ma tête a tapé la voiture d'en face, tu as sauté de ta moto pour me sortir de dessous les roues de ma mobylette. Tu as eu tellement peur. Je m'en suis sortie qu'avec une entorse et une légère brûlure, ça aurait dû me stopper dans mes bêtises mais toi-même savait que ce n'était pas possible. Je t'en ai fait voir des choses, et pas seulement sur mes activités de « casse-cou », mes études t'ont données du boulot aussi.

 

J'étais une bonne élève jusqu'en 4ème, tout le monde était si fier, j'enchaînais les bonnes notes, les bonnes appréciations, les félicitations et après, j'ai tout lâché. On disait que j'étais faite pour les études, mais je crois que mon esprit de contradiction a voulu le contraire. Pendant trois ans je t'ai fait vivre un enfer, à ne pas savoir ce qu'on allait faire de moi, à ne pas trouver ma voix, a être anti-tout. Je m'excuse de cette période Papa.Tu as tout fait pour me sauver et pour que je fasse quelque chose que j'aime. Mes études me plaisent et c'est en partie grâce à toi. Quand tu m'as quitté, j'ai perdu pied, j'ai voulu tout lâcher et tu savais les relations que j'avais avec les gens de ma classe, je ne pouvais compter sur personne, personne pour me soutenir. Mais la force que tu m'as donnée toutes ces années m'a permise de tenir, j'ai passé mon Bac, je l'ai eu et avec mention et en septembre, j'ai été acceptée en BTS. Tu serais fier. Tout est allé si vite que c'est enfin aujourd'hui que je trouve le courage de parler de nous deux. Cela peut paraître fou de vouloir écrire à quelqu'un qui est mort mais j'ai l'impression de te garder en vie grâce à ça.

 

22 Février 2013

 

Depuis ton accident, j'ai pas conduit alors que j'adorais ça. Cela me faisait me sentir libre. J'ai essayé aujourd'hui, j'ai pris ma voiture, et j'ai roulé, roulé longtemps, vite, encore plus vite. J'ai pris des risques dans l'espoir de ressentir une émotion, j'ai accéléré, je me disais que peut-être la voiture n'arriverait pas à s'arrêter, à ce moment précis ma vie n'avait plus d'importance. Tu veux savoir Papa ce qui m'a fait ralentir ? Tu veux savoir ce qui m'a empêcher de te rejoindre ? Un signe de toi... Oui, ça peut paraître fou de dire que j'ai reçu un signe de toi alors que tu es mort, mais j'en suis sure, laisse-moi croire à ça, laisse-moi me dire que tu m'as sauvée la vie. Tu as toujours été là pour moi et encore aujourd'hui, alors que tu es là haut, tu gardes un œil sur moi. J'ai allumé la radio et là, en entendant cette musique, il y a eu comme une pression sur mon pied, la voiture s'est mise à ralentir. « Tourne les violons » de Jean-Jacques Golman. J'ai jamais compris pour cette musique plutôt qu'une autre, mais je sais qu'elle te faisait sourire, qu'elle provoquait en toi l'envie de chanter, faux, certes, mais tu dégageais une telle émotion à chaque fois qu'elle passait que tu me transmettais tout et on profitait de l'instant, rien que toi, moi et cette mélodie. Je sais que je n'aurais pas dû prendre ma voiture, mais tu sais, rester dans ce monde en étant morte de l'intérieur, c'est pire que tout.

 

3 Mars 2013

 

Salut Papa, je m'excuse pour la dernière fois, je voyais tout en noir. J'ai préféré ne pas écrire pendant quelques jours et prendre du recul. Aujourd'hui, c'est la fête des grands-mères. Je suis passé voir tes parents, tu connais mes relations très tendues avec mamie, tu connais mon caractère de cochon, quand ça ne passe pas avec une personne (même si c'est ma grand-mère) c'est dur pour moi de faire comme si de rien n'était. Mais maintenant que tu n'es plus là, je passe au dessus de tout ça, je sais la peine qu'ils peuvent avoir et quand je les regarde, je vois un peu de toi et c'est tellement bon. Les yeux de mamie, j'aime les regarder, ce sont les tiens, ce bleu clair, ce regard qui est perçant et les mains de papi, ce sont les tiennes, je pose ma main dans la sienne et c'est comme si c'était la tienne que je tenais. C'est mon dernier jour de vacances, demain reprise des cours. Tu sais, ceux de ma classe me trouvent bizarre, je ne souris jamais, je ne parle pas, je les regarde mais c'est comme si on m'avait retiré le son et les mouvements, ils sont comme une peinture, une photo... figés !

 

4 Mars 2013

 

J'ai repris les cours, ça a pas vraiment changé quelque chose pour moi, que je sois en cours ou à la maison, je suis toujours aussi seule. J'ai repris la vie à l'appartement, j'essaie de me faire à manger, mais tu connais mes talents pour ça, c'est une catastrophe. Tu crois que je devrais être triste ou quelque chose comme ça d'être aussi seule ?

Mes amis sont tous partis, sauf Chloé, elle essaie de m'aider à retrouver des sensations. En BTS, je suis tellement renfermée que personne ne me parle, enfin si, ils essaient, mais je les entends pas, je choisis sûrement de pas les entendre. J'arrive même pas à savoir si je veux que cette situation change. Ah oui... Tu vas pas être content, mais je me suis remise à fumer (promis j'arrête bientôt), ça me donne une raison de prendre l'air aux pauses. Tu sais Papa, c'est bizarre, ça fait plus d'un an que je vis dans un monde sans bruit où le monde qui m'entoure est flouté, où aucun battement n'est présent dans ma poitrine... Et cet après-midi, j'étais là debout à fumer, au milieu de toutes ces personnes qui m'importaient peu et il y avait cette personne, ce garçon, il était là, devant moi, je le voyais comme je pouvais te voir avant, je l'ai entendu rire. Je ne comprends pas ce qui s'est passé, d'habitude les gens sont statiques, personnes ne parlent et là, au milieu de toutes ces personnes, je l'ai vu, pourquoi lui je ne sais pas, mais il a bougé. Son regard a croisé le mien, j'ai pris peur Papa. C'est comme s'il venait de traverser la bulle que j'avais construite autour de moi. Je me suis pincée plusieurs fois pour voir si c'était un rêve, mais je ne rêvais pas.

 

8 Mars 2013

 

Il s'est déjà passé une semaine depuis la rentrée et depuis qu'il a croisé mon regard. Je ne suis pas descendue fumer par peur de ressentir à nouveau quelque chose, je ne suis peut-être pas encore prête à ressentir des émotions. Je me rends compte qu'en fait, je suis bien dans ma bulle, personne ne peut plus me faire souffrir, cet air triste que je me donne c'est sûrement par manque de courage. J'ai peur d'affronter le monde. Tu m'as toujours dit que quelque que soit la situation, j'arriverai à l'affronter, mais je crois bien, qu'en fait, c'est toi qui combattait les méchants à ma place, c'est toi et toi seul qui était courageux. J'étais toujours dans tes pattes, alors on a fini par croire que j'étais courageuse aussi, mais ce n'était qu'une illusion. L'autre jour, quand il s'est passé cette chose avec ce garçon, je crois que j'ai aimé. Tu crois que je suis entrain de revivre petit à petit ? Tu penses que je vais réussir à retrouver les sensations qui faisaient mon bonheur ?

Si seulement tu pouvais me répondre...

 

11 Mars 2013

 

On est lundi, j'ai survécu au week-end, j'ai sorti ton cheval samedi. Tu te rappelles, j'arrivais jamais à atteindre le dos de ton cheval pour mettre le tapis, tu venais toujours à mon secours, quelle idée de prendre un cheval aussi grand aussi ? Du coup, j'ai pris le tabouret de la cuisine, je m'en suis sortie comme une grande.

Papa, ça y est, j'ai repris du plaisir à monter à cheval, je suis toujours autant fermée avec les gens mais retrouver le plaisir de l'équitation, c'est un bon début non ? Bref... Comme je te disais, on est lundi, donc une nouvelle semaine de cours qui débute. J'ai eu deux heures de Mathématiques ce matin, et bien c'est toujours pas mon truc, mais tu le savais déjà. Le nombre de fois qu'on a baissé les bras tous les deux devant mes devoirs maison au collège. On se regardait et avec un grand sourire, on se disait : «  On arrête ? » et on partait en fou rire.

 

13 Mars 2013

 

Je ne t'ai pas écrit hier Papa, j'avais pas mal de boulot mais aujourd'hui, on va pas parler du travail, j'ai plus important. L'autre fois, je t'ai parlé de ce garçon,  de son regard qui avait croisé le mien, du fait qu'il avait réussi à percer ma bulle, du fait que je l'avais entendu rire. Cela faisait un an que je n'avais pas remarqué la présence de quelqu'un, jusqu'à hier.

Je ne savais pas qui il était mais il m'intriguait. Hier, j'ai osé retourner fumer une cigarette, il était là, toutes les personnes autour de nous étaient floues, elles n'étaient que silhouettes, mais lui, il était bien là, il était tout en chair, ses cheveux châtains, ses yeux bleus... Les mêmes que les tiens.

En voyant que je le fixais, que je ne regardais que lui, il s'est approché de moi.A ce moment là Papa, il y a eu un premier battement dans ma poitrine, des petites crispations dans mon ventre. Je ne comprenais pas pourquoi il était arrivé à me faire ressentir quelque chose alors que d'autres avaient essayé. Je ne le connais pas, je vois son beau visage mais je ne connais pas son nom ni ce qu'il est. Mais j'ai la sensation que j'ai besoin de le connaître. Il s'est avancé vers moi, il a prononcé mon prénom et sans me demander quoi que ce soit, il a pris ma main et m'a chuchoté à l'oreille qu'à partir de maintenant tout irait mieux. Tu y crois Papa ? On voit ça que dans les films normalement.

Il m'a dit qu'il m'avait remarquée depuis le début de l'année dernière, alors que je n'étais qu'en terminale, il entamait sa première année de BTS. Il m'a dit m'avoir vue me renfermer petit à petit, il a vu mon visage s'éteindre de jour en jour. Il n'a jamais osé venir me voir mais l'autre jour, quand nos regards se sont croisés, il a su que quelque chose s'était passée, que c'était le moment.

Il est tellement gentil avec moi, il cherche à me connaître, et me dit que derrière ce regard triste, il sait qu'une jeune femme pleine de vie se cache. Tout mon corps n'a pas encore repris vie et mon esprit n'est pas totalement là, mais je sais au fond de moi, qu'il peut changer ça.

 

14 Mars 2013

 

Je ne suis pas allée en cours aujourd'hui, ne m'en veux pas, mais je ne regrette pas. Il m'a fait redécouvrir des choses simples de la vie, il m'a emmené au cinéma, puis il m'a payé une glace. Tu dois te dire ça fait « enfant » mais c'est ce genre de petites choses qui vont me permettre d'aller mieux. Il a fait le clown toute la journée, et je me suis surprise à sourire. Il me prenait la main et à chaque petite attention qu'il me portait, un bout du paysage se dévoilait. Habituellement, on voit le monde et quand on rencontre quelqu'un, on ne voit plus que lui. Pour ma part, ça a été l'inverse, je ne voyais que lui et petit à petit il me fait voir le monde. J'ai entendu les oiseaux et même des enfants crier. Le manque de toi est toujours là, mais grâce à lui, je me bats pour vivre pour deux, pour toi et pour moi.

 

18 Février 2014

 

Bonjour Papa, c'est une date importante aujourd'hui, j'ai 21 ans et ça fait deux ans que tu es parti. Pendant toute une année, j'ai pleuré ton départ, je me suis renfermée, à tel point que j'étais déconnectée du monde et que je passais mon temps à vivre sur les souvenirs du passé. Je ne dis pas que j'oublie ces souvenirs mais simplement que maintenant je suis prête à me créer de nouveaux souvenirs. En un an, ma vie a beaucoup changée, enfin, j'ai plutôt retrouvé ma vie d'avant. C'est grâce à lui tu sais, il m'a sauvée en quelque sorte. Tu t'entendrais avec lui, je le sais. Il vient souvent à la maison, il m'aide à m'occuper des chevaux, je lui ai même appris à monter à cheval. Maman va mieux aussi, on se reparle et on est plus complices que jamais et Antoine nous prépare des petits plats tous les dimanches. Tu citais Albert Einstein parfois, « Un homme qui n'est plus capable de s'émerveiller a pratiquement cessé de vivre ». Il avait raison Albert et tu as eu raison de me citer plusieurs fois ces mots.

Je suis une jeune femme heureuse à présent, il y aura toujours de la tristesse en moi, comme une fille qui a perdue son papa, mais l'amour m'aide à m'en sortir. Tu avais peut-être raison en fait, sous ces longs cils et ces boucles blondes se cache une fille courageuse.

S'émerveiller de choses simples et redécouvrir le monde grâce à l'amour, voilà une belle preuve que mon corps est en vie et que mon cœur bat pour toi Papa.

Elise