Khadîjah BOUGRINE - BTS1 - 2012/2013 LPO Maryse Bastié Limoges

Un Etat palestinien, la survie du peuple juif, un amour inconciliable ?

 

Elle était palestinienne et ne pensait pas comme ses parents que la seule solution à ce désaccord était la guerre. Elle était persuadée qu’il existait un terrain d’entente entre juifs et palestiniens mais qu’il suffisait juste de prendre la peine de le trouver.

 

Elle habitait un petit village de Cisjordanie et à part aller au collège elle ne sortait quasiment pas. Elle ne connaissait pas les promenades en famille, les sorties pédagogiques telles que les sorties au zoo ou ailleurs, les sorties entre amies, ces moments d’insouciance de jeunesse, elle s’étonnait à rêver d’être une petite fille normale dans un pays où la laïcité et la paix étaient des choses habituelles. Elle pensait que toute sa vie elle devrait supporter le désastre de cette guerre qui dure depuis 65 ans, elle n’allait pas s’exiler et laisser sa famille qui, elle le sait, ne partirait jamais d’ici considérant cette terre comme la leur et ce depuis des générations, mais au fond elle ne voulait pas non plus de cette vie.

 

Elle avait lu un jour un livre qui parlait d’une histoire d’amour et elle s’était interdit de penser que ça pourrait lui arriver, croyant que ses parents ne voudraient pas de ça et encore moins qu’elle parte du domicile familial. Sa mère était très protectrice étant donné qu’elle était enfant unique, et qu'avec tous ces attentats, bus piégés et bombes, elle pouvait perdre sa fille. Ses parents l’avaient mis dans une des meilleures écoles de la région et c’était au fond pour qu’elle puisse un jour s’en aller vers une vie meilleure qu’elle pourrait choisir si le conflit ne cessait pas ici. Sa seule source d’intérêt et d’émerveillement au quotidien était l’école, elle aimait par dessus tout apprendre sur ce qui l‘entourait, l’histoire de son pays, celle de l’occident, de l’Amérique, de l’Asie. Son école n'était pas mixte et ce sujet qu’était l’amour l’intriguait beaucoup. Certainement comme toutes les petites filles de son âge. Un jour de juin, Chaïma se rendait au bus qui la conduisait au collège comme tous les jours. Il faisait chaud et encore plus pour Chaïma derrière son voile en coton. Elle habitait un petit hameau de maisons dans le sud de la Cisjordanie. Le chemin qu'elle empruntait tous les matins pour se rendre à l'arrêt était caillouteux et poussiéreux ce qui rendait la marche encore plus difficile sous ce soleil de plomb.

 

Mais ce n'était pas ça qui allait la décourager. Chaque matin, elle attendait deux amies à elle et elles faisaient le chemin ensemble. A leur âge, elles parlaient déjà de la situation de leur pays, des difficultés que rencontraient leurs collèges pour trouver une place à tous les élèves qui le demandaient, pour trouver assez de fournitures scolaire pour l'effectif de l'école, des soucis financiers que leurs parents avaient. Elles étaient obligées de grandir vite et d'avoir des préoccupations d'adultes, de s'occuper des frères et sœurs si besoin était. Les médicaments et autres soins étaient très chers voire même trop chers pour des familles pauvres comme celle de Chaïma et ses amies. Les classes étaient petites mais remplies. Néanmoins elle s'estimait heureuse d'avoir eu l'opportunité de rentrer dans ce collège car elle savait que sinon elle serait restée à la maison et qu'il n'y avait pas énormément d'occupations à part aider sa mère à faire les repas et le ménage. Chaïma voulait être médecin, sauver des vies serait son moteur pour rester dans son pays car à part ça que pourrait-elle bien faire pour aider sa patrie. A l'inverse de tout ce qu'elle entendait à la radio, tous ces morts, ces attentats qui ne cessent pas. Elle se demandait quand est-ce qu'ils seraient fatigués de cette situation et qu'ils arrêteraient enfin cette guerre. Bien sûr le problème ne datait pas d'hier et était ancré dans leur culture, elle savait bien qu'elle ne ferait pas changer les choses et qu'il fallait être patient, comme le lui répétaient ses parents. En attendant l’esquisse d’une paix future, elle devait travailler, travailler dur pour ne pas décevoir ses parents, elle savait que s’ils lui disaient de travailler à l’école c’était pour son bien, pour qu’elle puisse faire ce qu’elle désire plus tard.

 

Une amie la prit par le bras car le bus venait d’arriver mais elle ne l’avait pas vue parce qu’elle avait la tête baissée et qu’elle regardait la petite fleur qu’elle avait entre les doigts. Ses parents avait peur tous les matins en se levant qu’un malheur arrive à leur fille, ici les soldats n’épargnent pas les enfants. Elle regardait par la vitre salie par la poussière, le paysage. Un grand boum résonna, le bus fut projeté sur la gauche et les enfants hurlaient de peur, elle perdit connaissance au moment de l’impact du bus sur le sol. Elle se réveilla à l’hôpital deux jours plus tard. Elle était seule dans une petite chambre aux murs blancs. Elle avait mal à la tête et sa jambe droite endolorie était dans un bandage. L’hôpital était précaire et elle ne s’y sentait pas bien, elle voulait rentrer chez elle. Elle voulut se lever pour demander à une infirmière si elle pouvait appeler ses parents mais elle réveilla la douleur qu'elle avait dans la jambe, elle se résigna alors à attendre qu’une infirmière passe. Elle essayait de dormir mais la douleur la réveillait sans arrêt, elle ne pouvait pas bouger. Peu après une infirmière passa pour voir si elle s’était réveillée. Elle ne pouvait pas appeler ses parents car il lui était impossible de descendre de son lit mais l’infirmière lui dit qu’ils devraient passer le lendemain. Chaïma se rappela soudain de ses amies et se demanda si elles avaient été blessées comme elle et si elles étaient dans le même hôpital. Aucune de ses deux amies n’étaient dans cet hôpital, elles n’avaient peut être rien eu de grave, ou au contraire... Mais elle ne voulait pas penser à cet éventualité. Elle s'ennuyait seule dans cette chambre d'hôpital, elle n'avait ni la télé ni la radio, ses seuls divertissements étaient aux heures des repas quand les infirmières lui ramenaient son repas ou quand elles passaient lui faire une piqure. Elle avait surpris deux infirmières parler et avait entendu qu'un patient devait arriver dans sa chambre, elle se disait qu'elle en avait fini avec ses journées interminables.

 

Dans la soirée elle fut réveillée par l'arrivée du patient en question. La première chose qu'elle a vue était les marques sur son visage, des égratignures. Ses bras étaient découverts et étaient parsemés de bleus. Elle le trouvait beau, elle avait envie de l'aider mais elle était elle-même dans un lit d'hôpital. Elle pensait qu'il ne s'intéresserait pas à elle et décida donc d'essayer de dormir pour se reposer. Quand elle se réveilla, elle vit qu'il la regardait avec attention. Elle décida donc de lui parler. Il lui suffit de deux heures de conversation pour se découvrir des sentiments pour ce jeune inconnu, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi mais son histoire l'avait touchée. Elle appris par la suite qu'il était juif et qu'il s'appelait Tiqwa. Elle remit en doute ses sentiments comme s'ils n'étaient pas dignes d'elle. Pourtant elle n'avait aucune haine contre les juifs. Elle pensa à ses parents, elle ne pourrait jamais leur dire une chose pareille, ils n'accepteraient jamais. Même pire ils la renieraient peut être. Il s'aperçut du malaise qui s'était créé lorsqu'il lui disait qui il était. Les deux jeunes gens ne savaient plus quoi se dire et Chaïma pensa qu'il était préférable d'en rester là. L'atmosphère était pesante. Le lendemain il n'était plus dans sa chambre, elle demanda à une infirmière ce qui s'était passé mais la visite de sa mère les interrompit. Elle ne voulait pas parler de ça devant elle, sa mère n'apprécierait pas qu'elle parle à un garçon et encore moins à un garçon juif. Elle apprit par la suite qu'il était décédé dans la nuit. Elle ne savait pas quoi penser mais une chose est sure, elle était remplie d'une immense tristesse et de beaucoup de remords.

Khadîjah.